Michel Charvet, artiste peintre

Bithiat, ©Michel Charvet
Bithiat (Gouache)

Pharaon avait une fille qu’il adorait par-dessus tout. Répondant au doux nom de Bithiat, elle n’était que douceur et générosité. N’ayant ni fonction particulière, ni charge à assumer, elle vivait donc en parfaite oisiveté et passait le plus clair de son temps, à glander à longueur de journée, protégée par une armée d’eunuques et entourée d’une flopée de servantes totalement dévouées.

D’une beauté inégalée, mais malheureusement dotée d’un QI quelque peu limité, elle faisait malgré elle, les choux gras d’une certaine presse, qui n’avait pas tardé, à la surnommer «  la Princesse topless ». Son fric et sa plastique avaient attiré bien des prétendants. Mais tous ces « princes charmants » s’y étaient cassé les dents :

— Pour une sortie entre amis, je dis oui,  leur rétorquait-elle.  Mais pour la « marida » !  nada !!

… Car la belle, malgré les apparences, n’était pas trop portée sur la bagatelle, au grand dam de son père qui, depuis toujours, dans une stratégie purement politicienne, cherchait à la caser auprès d’un quelconque chef de tribu rebelle…

En cette fin d’après-midi, Bithiat et ses amis étaient réunis sur les berges du Nil, pour leurs ablutions quotidiennes. L’endroit était discret et à l’abri des paparazzi. Aussi pouvait-elle se « déloquer » et se baigner en toute sérénité, sans risquer de se retrouver à poil, en couverture d’un magazine à scandale…

Alors qu’elle pataugeait, jouant innocemment à s’éclabousser, une servante, qui nageait un peu à l’écart, s’écria :

— Majesté ! Majesté ! Regardez ce que j’ai trouvé !!

La jeune femme, le corps à demi immergé, poussait devant elle, un étrange panier en forme d’anatidé. Aussitôt, les naïades se précipitèrent autour de la corbeille à l’étrange structure et, non sans appréhension, soulevèrent avec précaution la couverture.

En découvrant le contenu, la Princesse s’exclama :

— C’est un petit chien abandonné ! Comme il a l’air triste et en mauvaise santé !!

Interloquée, la servante rectifia :

— Ce n’est pas un chien, votre Majesté ! mais un être humain. A la vérité, c’est un nouveau-né  — et de rajouter – Le pauvre est un peu pâlot. A force d’être ballotté par les flots, il a vomi tripes et boyaux.

Bithiat n’en croyait pas ses yeux, à le voir ainsi, tout fripé et si laid, qu’elle fut  saisie de pitié et décida de l’adopter.

Elle ordonna à ses servantes de le ramener au palais et de lui procurer un coussin, des jouets, une laisse et un collier… Puis, elle réfléchit, sembla se raviser et, enfin, précisa :

- Sur le collier, vous ferez graver son nom – MOÏSE !!

 

                                             Bithiat - Moise
                                                                                            Moïse

 

Nice Social Bookmark

FacebookTwitterGoogle BookmarksRSS FeedPinterest
Pin It