Michel Charvet, artiste peintre

La Reine de Saba, ©Michel Charvet
La Reine de Saba (Gouache)

Salomon avait décidé d’exécuter le projet qu’en son temps, le Roi David n’avait pu réaliser : Offrir à Dieu un temple à sa mesure, où il demeurerait à jamais entouré de ses sujets.

Grace aux impôts supplémentaires, le chantier sortit rapidement de terre. Dire que le peuple était heureux de financer le projet était peut-être exagéré, mais il ne laissa rien paraître de ses sentiments et paya argent comptant. Si bien qu’après sept années, durant lesquelles plus de cent mille ouvriers travaillèrent d’arrache-pied, le Temple fut enfin achevé. Certes, il avait coûté la peau des fesses mais, au final, il tenait toutes ses promesses.

L’édifice était une pure merveille. Jamais sanctuaire n’avait contenu autant de richesses. Salomon était fier d’en être le dépositaire. Même si quelques voix discordantes commençaient à s’élever, soupçonnant le Roi d’avoir été, au nom de Dieu, sur le coup un peu trop dispendieux, et se demandaient s’il n’en avait pas profité pour s’en mettre un peu de côté. D’autant que le Monarque menait grand train, dépensant sans compter et, faisant fi des promesses faites à son père, collectionnait les conquêtes féminines. C’est ainsi que sept cents princesses et trois cents prostituées émargeaient au registre du Palais.

Son incommensurable sagesse et ses multiples aventures sentimentales furent bientôt connues dans tout le monde oriental, au point qu’elles éveillèrent l’intérêt de la mystérieuse Reine de Saba.

La Souveraine décida de se rendre à Jérusalem, officiellement pour traiter des accords commerciaux et sceller un pacte de bon voisinage. Mais, en réalité, elle brûlait d’envie de rencontrer ce Roi qui la faisait secrètement rêver, et de vérifier si sa renommée n’était pas usurpée.

… Elle arriva à la cour de Salomon, précédée d’une impressionnante cohorte de musiciens, courtisans, dames de haut parage et autres mages. Elle salua le Roi et fit déposer à ses pieds trois tonnes d’or en gage de son amitié.

Sensible à ce geste de civilité, Salomon la remercia chaleureusement et lui avoua être son obligé, puis il s’agenouilla, lui baisa la main et l’invita à un fabuleux festin.

Lors du repas, la Reine fut émerveillée par le luxe de la cour et la sagesse du Souverain. Emue, elle s’adressa à son hôte :

 — Majesté, votre réputation n’est pas galvaudée. Pardonnez-moi si j’ai pu en douter. Heureux vos familiers, heureux vos serviteurs qui vous entourent et peuvent entendre tous les jours vos paroles d’amour.  Béni soit ce Dieu qui vous a placé sur le trône d’Israël, pour exercer le droit et la justice et voyez désormais, en mon humble personne, l’une de vos plus ferventes admiratrices.

Devant ce flot de compliments, Salomon était on ne peut plus gêné, il ne put que balbutier :

  — Voulez-vous que je vous fasse visiter le Palais ?...

 … Le lendemain matin, ils se séparèrent enchantés d’avoir tissé des liens d’amitié. Salomon s’exaltait d’avoir pu partager quelques instants d’intimité, quant à la Reine de Saba, qui s’était déplacée juste pour voir, elle s’en retournait comblée avec, sans le savoir, un « polichinelle dans le tiroir ».

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