Michel Charvet, artiste peintre

La mort de Jean-Le Baptiste, ©Michel Charvet
La mort de Jean-Le Baptiste (Gouache)

Hérode Antipas, surnommé « Antipasta », en raison de son aversion pour la cuisine romaine et les nouilles en particulier, n’était pas aussi fourbe et tyrannique que son père Hérode le Grand… mais quand même.

Grâce à son pacte d’allégeance à Rome, il gouvernait son royaume de Galilée avec une certaine liberté et, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il en profitait... voire en abusait : impôts, prélèvements et taxes en tous genres venaient alimenter les coffres du palais où, le soir venu, tout n’était que beuveries, ripailles et priapées. Dans ce contexte de déliquescence absolue, et pour couronner le tout, le sybaritique Tétrarque entretenait, en toute impunité, une liaison adultérine avec Hérodiade, l’épouse volage de son propre frère.

Contre ces pratiques que réprouvait la loi juive, un homme s’était élevé. Il s’appelait Jean et, depuis près de trente ans, il errait dans le désert, ce qui lui avait forgé le caractère. Et du caractère, il en avait, plutôt mauvais au demeurant…

… Installé depuis peu sur les rives du Jourdain où il tenait tribune, le gaillard n’avait de cesse de pourfendre le régime en place, critiquant, lors d’interminables discours, la vie dissolue du Roi et de sa cour.

— Est-il normal qu’au Palais, martelait-il, tout ne soit que bonne chère et parties de jambes en l’air ?  Alors qu’ici-bas, le peuple est en proie à la misère.

… Puis, agitant, menaçant, son bâton de berger, il haranguait son maigre auditoire :

— Réveillez-vous, gens de peu de valeur ! Chassez l’usurpateur et sa clique de voleurs et de menteurs !! Allez propager la rébellion et libérez-vous de l’oppression !!!

… Enfin, il terminait en prêchant avec véhémence la Parole Divine, annonçant l’arrivée prochaine d’un messie, porteur d’un message de paix, de justice sociale et d’égalité des sexes…

Son discours plaisait et la populace, avide de liberté, adhérait pleinement à ses idées et acceptait de se faire baptiser.

C’est ainsi que Jean devint Jean le Baptiste dit « l’Anarchiste ».

Evidemment, toute cette agitation ne passa pas inaperçue et le Roi fut aussitôt prévenu. Plus diplomate que son père, Hérode Antipas relativisa l’affaire en essayant, dans un premier temps, de museler l’opposant. Pour ce faire, il fit apposer, tout le long du Jourdain, des panneaux sur lesquels était écrit : «  Prêche Interdite ».

L’avertissement sans frais ne fut pas suivi d’effet, car le prêcheur continua de prêcher.

Sûr de son pouvoir, le Roi n’insista pas et laissa « l’excité », comme il  aimait à le surnommer, continuer ses activités.

Mais, si le Monarque était, somme toute, relativement laxiste envers le baptiste, Hérodiade, de son côté, lui vouait une haine tenace…

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